Bewildering Stories

Le « Rideau gaulois »

Don Webb

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I’m not just showing off with a French version of the editorial. Mike Lloyd could do the same in Spanish, although it’s not needed, or Italian. As long as we’re talking about wanting French-language contributors, I think I ought to do what I ask others to do. And I want our French-speaking readers to know the door is open. Ce n’est pas seulement par ostentation que j’offre une version française de l’article d’opinion du rédacteur. Mike Lloyd pourrait en faire autant en espagnol et en italien. Tant qu’on parle d’une représentation éventuelle d’auteurs de langue française ou italienne, je me dois de faire ce que je demande à d’autres. Pour le moins, je veux que tous les lecteurs francophones sachent qu’on leur tient la porte ouverte.

Avec le numéro 213, quatre Scandinaves, sinon plus, figurent parmi nos estimés auteurs. Ce sont Ásgrímur Hartmannsson, Cecilia Wennerström, A. R. Yngve et, désormais, Bertil Falk. On se réjouit de pouvoir les lire.

Je ne sais plus combien nous avons d’auteurs hispanophones. Ils sont nombreux et, faut-il le dire, ajoutent au plaisir de nos lectures. On peut également compter plus d’Indiens, de Russes et de Polonais chez nous que d’auteurs de langue française.

Danielle Parker et moi, on vient de discuter son compte-rendu sur un roman d’Yves Meynard. En guise d’introduction, Danielle parlait d’un « rideau de Gauloises » qui séparerait les mondes anglophone et francophone dans la littérature d’anticipation et de fantaisie. Danielle a raison de porter notre attention sur cette barrière-là.

J’ai taquiné Danielle en disant que les Gauloises, c’est une marque de cigarettes qui, quoique très populaire en France reste un article de luxe en Amérique du Nord. Danielle pensait-elle à la brume bleue et impénétrable qu’émettent les nobles cibiches ? Quelle que soit l’idée véritable de Danielle, ça sent mieux que le terme canadien officieux : « les deux solitudes ».

Science-fiction et littérature fantastique se portent très bien en francophonie, tant en Europe qu’au Canada. Mais moi, j’ai eu beau essayer d’établir des contacts, on n’a pas encore d’auteurs francophones parmi nous.

Il me semble que cela tient à la culture. Russes, Polonais et Hispanophones sont sans peur. Aux écoles scandinaves et indiennes, l’apprentissage de l’anglais joue un rôle important.

Par contre, j’ai l’impression que les Français, par exemple, voient les choses sous un autre angle. Cyrano, arrivé dans la Lune, trouve tout aussi merveilleux un dieu qui ne veut pas être adoré qu’un étranger qui parle bien le français. Les Français hésitent-ils donc à parler anglais par peur de passer pour « une vache espagnole » ? Ils n’ont rien à craindre, c’est sûr, mais la politesse seule est parfois difficilement rassurante.

De même, quand on vous mène la vie dure à l’école, il est facile de croire à l’impossibilité de bien écrire le français comme langue seconde. Je cite trois noms en réponse à cela : Oscar Wilde, Samuel Beckett, Eugène Ionesco... et j’en passe.

Une concession : la compétence intermédiaire s’atteint beaucoup plus facilement en anglais qu’en français. Par contre, l’étudiant du français pourra arriver rapidement à la compétence avancée. L’étudiant de l’anglais n’a pas cet avantage. Ces différences suffisent-elles à expliquer la présence du « rideau gaulois » ? Qui sait ?

Il n’en reste pas moins que la participation d’auteurs francophones se heurte à un grand obstacle. La perspective francophone n’admet simplement pas le concept d’un magazine Internet tel que Bewildering Stories — Histoires Abracadabrantes : « Les traductions, soit, si cela vous intéresse, mais quelle idée qu’on puisse faire de la littérature en anglais langue seconde ! »

Quel dommage. Pour conclure, je cite le mot de la fin d’un programme de la CBC portant sur les actualités internationales : « Nous, on vous offre le monde entier ». Notre monde comprend le français...


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